• Hommage à Paulette Sarcey: Allocution de Claude Sarcey – 3 Novembre 2021

    Chers amis,

    Avant de dire quelques mots en notre nom, à ma sœur et moi, nous voudrions tout d’abord, vous remercier chaleureusement, vous toutes et tous, connaissances, amis et camarades très souvent de longue date et qui comptaient tant pour maman, d’être présents aujourd’hui.

    Nous tenons également à adresser nos remerciements à la mairie de Paris et tout particulièrement à Catherine (Vieu-Charier) qui lorsqu’elle était encore adjointe communiste à la mairie de Paris en charge de la mémoire et du monde combattant, a initié le projet de plaque commémorative qui nous réunit aujourd’hui, à Laurence (Patrice) qui a succédé à Catherine et qui l’a finalisé et bien entendu à Christine (Blaise de Candido) et à Isabelle (Bellanger) qui ont géré les aspects opérationnels à la perfection, et ce malgré nombre de difficultés rencontrées. Enfin, un grand merci à Monsieur Pliez, maire du 20eme arrondissement, qui nous accueille dans cette très belle salle des mariages.

    Maman nous a quitté il y a maintenant un an et demi, quasiment jour pour jour. En mai 2020 nous étions entrés de plein pied dans la crise sanitaire, ce qui nous a contraint à organiser des obsèques en très petit comité.

    Nous avons donc souhaité profiter de cette commémoration pour réunir tous les amis, tous les camarades ou tout bonnement toutes les personnes qui ont connu, côtoyé ou simplement rencontré maman et qui souhaitaient lui rendre hommage.

    On peut en comprendre les raisons.

    Cette femme, eh oui notre maman, a une histoire quelque peu unique en son genre.

    Je ne vais pas ici retracer toute sa vie, ça serait bien trop long, mais quand même un petit peu:

    Ses parents sont juifs polonais. Son papa syndicaliste et communiste a déjà connu la prison. Les pogroms et l’antisémitisme d’état (qui n’a hélas pas beaucoup évolué) les conduisent à quitter la Pologne en 1923 pour venir s’installer à Paris ou maman nait un an plus tard.

    C’est dans le quartier de Belleville qu’elle va grandir et commencer à fréquenter le patronage juif issu du mouvement communiste juif, la MOI. C’est dans ce patronage que toute sa culture avec un grand C va se forger : apprentissage du Yiddish, éducation politique, foulard rouge, mixité, laïcité et j’en passe.

    En 1939 au début de la guerre, maman a 15 ans mais est déjà doté d’une connaissance importante de ce qui se passe en Allemagne et en Europe.

    En 1940 elle s’engage de façon effective dans la résistance avec les FTP MOI à 16 ans au côté, entre autres, d’Henri Krasucki.

    Après 3 ans et demi d’activité de résistance active, elle, ainsi que la quasi-totalité de son réseau, est arrêtée par les brigades spéciales de la police française le 23 mars 1943.

    Emmenée à la préfecture, elle y restera quelques jours et sera tabassée à chaque interrogatoire. Après un long séjour à l’hôpital Rothschild et avoir subi une fausse opération par un médecin compréhensif dans le but de gagner du temps, elle sera transférée au camp de Drancy le 18 mai 1943.

    C’est le 23 juin 1943 que le véritable enfer commence. Après deux jours passés dans des wagons plombés (convoi 55), elle arrive à Auschwitz-Birkenau.

    Je ne vais pas ici décrire l’indescriptible ou narrer l’inénarrable. Juste 3 chiffres: Auschwitz c’est 1 300 000 déportés, 1 100 000 morts dont près de 1 million de juifs.

    Maman avec quelques-unes de ses amies a eu la chance de rentrer. Elle n’a jamais cessé de nous dire que ce qui les sauvé, c’était l’entraide, la solidarité, la résistance.

    Après la marche de la mort et 700 kms faits à pied, maman arrive à Paris le 22 mai 1945, soit quasiment 2 ans jours pour jours après avoir été déportée.

    De retour ce sont les retrouvailles avec la famille, les copains et tout de suite l’engagement: Un mois après son retour, c’est le départ dans les colonies de l’UJRE pour s’occuper des enfants.

    Toute sa vie durant, maman n’a eu de cesse que de respecter la parole qu’elle et ses camarades avait exprimées: si nous rentrons il nous faudra raconter pour que tout le monde sache.

    En 1950 lorsqu’elle revient des États-Unis ou elle a épousé mon père, lui-même engagé dans les FTP dès l’âge de 16 ans, et donné naissance à ma grande sœur, elle s’investit au sein de l’UJRE pour aider de toutes les façons possibles celles et ceux qui comme elle, ont été victimes de la Shoah.

    En parallèle, elle rejoint au moment de sa création, l’Amicale des Anciens Déportés Juifs de France.

    Elle témoignera en RDA en 1963 au procès de Hans Globke, accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité et condamné à la prison à perpétuité.

    En 1977 elle participe au procès de Francfort qui vient en complément du 1ER procès de Francfort, appelé aussi procès d’Auschwitz, qui s’est tenu en 1963 et qui a abouti à la condamnation de près d’une vingtaine de nazis opérant sur le camp même d’Auschwitz.

    Jusqu’à son dernier souffle elle n’aura eu de cesse qu’à transmettre, transmettre et encore transmettre …

    Au siens, en leur parlant, leur racontant, en les amenant même à Auschwitz quand ce fut possible.

    Aux collégiens et lycéens en allant écouter, raconter et alerter pour que plus jamais ça.

    Aux étudiants, aux chercheurs, aux historiens en racontant la résistance juive communiste, en rappelant sans cesse, malgré ce qui a tendance à être encore dit par certains en ce moment, que les arrestations des juifs, communises ou non, français ou immigrés étaient bien le fait de la police française, et bien sûr en décrivant la réalité de l’horreur des camps…

    A qui voudrait bien l’entendre et la lire en participant activement a des reportages, des films, des ouvrages jusqu’à écrire en toute modestie sa propre histoire.

    Enfin, je voudrais vous dire que nous avons tout fait pour l’accompagner le mieux possible et avec tout notre amour, les quelques mois qui ont précédé son décès.

    Ne pouvant que très difficilement se lever, elle était toujours très attentive à ce qui se passait en France et dans le monde en suivant les informations bien sûr, et en lisant ses 2 journaux: La presse nouvelle magasine et l’humanité.

    Et jusqu’au bout, elle nous a fait part de son effroi à voir un peu partout dans le monde et en Europe des partis ou mouvement d’extrême droite gagner des élections. Sans parler de la France ou heureusement, elle n’a pas assisté à l’ignoble succès que les sondeurs semblent attribuer à une horrible petite marionnette fasciste, homophobe, raciste, antisémite et négationniste qui n’a pas hésité à déjeuner avec Le Pen et la fille de Ribbentrop (ministre des affaires étrangères d’Hitler), fille qui le soutient et qui n’a jamais exprimé le moindre regret quant aux activités de son ordure criminelle de père.

    Elle me disait très souvent et avec un sérieux de ministre que beaucoup d’entre vous connaissent : « Tu sais, j’ai pas peur pour moi, qu’est-ce que tu veux qu’il m’arrive, mais je crains pour l’avenir de mes petits». Il y a de quoi, et cette peur, cette inquiétude, nous la partageons, et c’est pourquoi nous tentons à notre façon de nous inscrire dans ses pas ainsi que dans ceux de notre papa qui lui aussi nous manque quotidiennement.

  • Hommage à Paulette Sarcey: Allocution de Raphaele Sarcey – 3 Novembre 2021

    Bonjour à tous !

    Salut à toi !

    On prend les mêmes et on recommence. Belote, rebelote et me revoilà à devoir parler de toi à un pupitre.

    Les mêmes, c’est pas vraiment vrai.

    Aujourd’hui il y a ceux qui n’ont pas pu venir te dire au revoir au Père Lachaise l’année dernière.

    Les trémolos dans la voix m’ont quittée.

    Je parle de toi si souvent. Avec maman, avec Judith, Fabien, nos enfants, mes amis et même ceux que je connais peu…

    Comme une toute petite fille je dis : bah moi ma grand-mère elle était incroyable, elle était résistante et elle est revenue du pire.

    Une fierté ça c’est sûr et aussi, je crois, comme un avertissement à mon interlocuteur : attention à ce que tu vas dire sur un certain nombre de sujets… Un peu comme une gardienne de l’histoire et de la vérité.

    Tu sais on est devenus complètement zinzins ici.

    On a adopté un chien. On a quitté Paris Belleville pour vivre à la campagne tout près de la mer. On y est bien. Loin de l’agitation. Mais encore beaucoup trop près des bruits qui se font entendre ces temps ci.

    Je te dis ils sont tous devenus zinzins !! Et que Pétain aurait sauvé les juifs de France, et qu’on a qu’à laissé mourir les réfugiés aux portes de chez nous, et que nos prénoms ne sont pas assez français. Je ne peux pas te faire la liste ici, ça nous donnerait la nausée à tous…

    Ils me font peur, ils t’auraient révoltée.

    Nous avons eu drôlement de la chance de t’avoir comme grand-mère ! Une grand-mère incroyablement aimante, souvent rude, extrêmement exigeante et tellement drôle. Promis je ne raconte rien ici de toutes les conneries que tu faisais pour nous faire marrer. Non non. Ici on célèbre la grande dame. Celle qui toute jeune s’est battue pour la liberté, qui a subi les tortures, les humiliations et qui a survécu au projet d’extermination. On célèbre celle qui a passé sa vie à raconter l’horreur pour que jamais elle ne s’efface des consciences.

    Nous avons eu de la chance de t’avoir comme grand-mère. Tu nous as offert un magnifique exemple de courage, de dignité, d’ouverture au monde, de révolte, d’empathie et d’indignation. Je crois que nous sommes, tes enfants, tes petits-enfants et tes arrières petits enfants, des gens bien. Des mensch comme tu l’aurais dit.

    Tu as laissé derrière toi une très belle famille, des livres, des documentaires et certainement des traces dans le cœur de certains collégiens et lycéens pour lesquels tu as raconté.

    Tu as fait du bon boulot !

    Aujourd’hui c’est notre tour de faire le job ! On laissera rien passer, on remettra l’histoire à sa place, on sera vigilants.

    Cette plaque peut-être, je l’espère, rendra curieux de toi certains passants et permettra surtout d’inscrire dans le marbre cette traversée qui est la tienne certes, mais celle de millions d’autres.

  • Hommage à Paulette Sarcey: Allocution de Claudie Bassi Lederman – 3 Novembre 2021

    Madame Laurence Patrice, adjointe à la Maire de Paris, chargée de la mémoire et du monde combattant,

    Monsieur Eric Pliez, maire du 20e arrondissement de Paris,

    Mesdames et Messieurs les élus,

    Chers amis,

    Chers Michou et Claude,

    Chers petits enfants et arrière-petits enfants que Paulette aimait tant et dont elle était si fière. Nous vous avons vu naître pour certains et nous vous avons tous suivis au cours des années, sur les photos qu’elle était si heureuse de nous montrer.

    J’interviens ce matin pour parler de la grande dame qui nous aimait, que nous aimions, que nous aimons et avec qui nous avons tellement ri et tant appris.

    J’interviens au nom de l’UJRE et de MRJ-MOI, ces organisations auxquelles Paulette était viscéralement attachée:

    • l’UJRE qui a uni, durant l’Occupation, toutes les organisations résistantes de la section juive de la MOI parmi lesquelles l’Union des Jeunes Communistes Juifs dont Paulette a fait partie avec ses amis dès 1940,

    • et MRJ-MOI, créée en 2005 pour faire connaître, avec son musée virtuel, une histoire occultée, celle de la participation des juifs immigrés à la Libération de la France, celle de l’engagement communiste dont la spécificité juive est restée longtemps ignorée. Paulette fut l’une des premières à parrainer notre association et elle attendait avec une très grande impatience la mise en ligne de notre musée.

    Nous savons tous quelle héroïque résistante elle a été mais, ne pouvant parler d’elle aussi longtemps que nous l’aurions désiré, nous nous sommes limités à quelques moments partagés avec elle, souvenirs précieux pour nous:

    Paulette et le 14 rue de Paradis, “le 14”, comme nous l’appelons.

    En ce lieu symbolique de son histoire, Paulette, membre des bureaux de l’UJRE et de MRJ-MOI arrivait toujours aux réunions pleine d’énergie, souriante et très élégante. Elle a toujours été très élégante et vers la fin de sa vie, alors qu’elle ne sortait plus de chez elle, elle soignait sa mise, même en robe de chambre, et faisait venir le coiffeur à son domicile.

    En attendant le début des réunions, Paulette parlait avec chacun mais s’impatientait : tant de «tâches essentielles» nous attendaient. Il n’y a pas si longtemps, elle présidait une AG de l’UJRE avec sérieux et fermeté mais toujours avec humour, sachant souvent aplanir les conflits, ne taisant jamais les divergences, les heurts, ne cédant jamais sur ses valeurs et convictions.

    Quand elle ne se déplaça plus, nous nous sommes réunis chez elle où Victoria, la “commandante” comme elle l’appelait, sa nounou –dame de compagnie moldave–, nous préparait systématiquement d’énormes piles de crêpes. Depuis le départ de Paulette, “le 14” n’est plus le même pour nombre d’entre nous.

    Paulette et la préparation du diaporama du 70e anniversaire de l’UJRE en 2013.

    Paulette se déplaçait à l’époque sans problème mais il nous était plus facile –nous étions nombreux– de travailler plusieurs fois par semaine, des semaines durant sur la grande table de sa cuisine où nous étalions des centaines de photos que Paulette commentait sans hésitation –beaucoup d’entre elles lui appartenaient. Aujourd’hui, il nous revient en mémoire, parmi beaucoup d’autres témoignages d’une vie : Paulette, à 7 ans, en maillot de bain, à l’île de Ré, dans une colonie du Secours Rouge. Paulette, à 13 ans, à Berck-Plage, avec Roger Trugnan et Germaine, la petite sœur de ce dernier. Paulette, à son arrivée à Auschwitz (carte d’immatriculation).

    Elle nous a longuement raconté la Résistance dans le camp d’extermination. Paulette, à la Libération, dans le film de l’UJRE, “Nous continuons“. Ou encore, Paulette, travailleuse sociale à la CCE, la Commission Centrale de l’Enfance, pour “faire rire” les enfants de déportés et fusillés.

    Toute l’histoire des nôtres, les juifs communistes immigrés, a défilé dans cette cuisine si chaleureuse.

    Le tournage de notre film “Nous étions des combattants.

    Les souvenirs de Paulette étaient d’une grande précision, elle avait une excellente mémoire. Et ceux qui l’ont vue dans “Cité de la Muette”, le premier film sur le camp de Drancy (souvent présenté par Tanguy Peron) et tourné par Jean-Patrick Lebel en 1986 ainsi que dans notre film réalisé 30 ans plus tard par Pierre Chassagnieux et Pauline Richard, ne peuvent aucunement dater les témoignages de Paulette ni penser que tant d’années séparent ces récits.

    Nous avons passé de longs moments avec Paulette, l’interviewant, l’écoutant. Elle nous faisait si bien vivre, toujours avec sobriété et modestie, les combats clandestins, la déportation, les tragédies quotidiennes, la Résistance dans le camp et la nécessité de vivre pour témoigner, vivre pour témoigner, toujours la nécessité de la transmission. Pour elle, transmettre la connaissance, faire vivre les mémoires, commémorer le passé, servait à écrire l’avenir. Un avenir qui l’inquiétait.

    Notre film a obtenu un succès bien mérité auprès de publics très divers, mais ce qui réjouissait Paulette, c’étaient les questions des lycéens sur l’engagement, sur le sens de l’engagement à notre époque. Ces réactions lui donnaient confiance en la jeunesse.

    Travailler avec elle, militer avec elle nous a tous fait progresser humainement, intellectuellement, et sur le plan politique. Intelligence, sensibilité, tendresse pour ses amis, sens du collectif, telle était Paulette. Et le rire, celui de sa jeunesse, même à Auschwitz, ce rire qu’elle nous a transmis et que nous entendons encore.

    La légion d’honneur de Robert Endewelt.

    Notre association a mené un très long combat, plus de deux ans, avec Julien Lauprêtre, pour l’attribution de la Légion d’Honneur à Robert. Cette Légion d’Honneur, Robert tenait absolument à ce que sa grande amie Paulette Sarcey la lui épingle. “Je tenais à ce que ce soit elle qui me remette cet insigne. Je la considère en effet comme une des grandes figures de notre mouvement de Résistance et une solide amitié nous lie par ce passé commun“.

    Paulette, ne pouvant se déplacer, la cérémonie a eu lieu chez elle en présence de quelques-uns d’entre nous. Ce moment, ô combien émouvant, a été filmé, et le jour de la fête, en l’honneur de Robert, nous l’avons projeté au “14”.

    Quelques moments plus intimes.

    Nous ne pouvons taire les nombreuses séances de ragots au cours desquelles nous avons tant ri. Chez Paulette ou le soir au téléphone, la séance commençait par ” allez, maintenant, on ragote”. Et tout y passait, quelquefois, à la limite de la décence mais jamais méchant, toujours si drôle et ça faisait tant de bien.

    Nous nous rappelons aussi les quelques jours qu’elle avait passés un été dans une institution du XVIe arrondissement. Michou et Claude, vous n’aviez pas voulu la laisser seule à Paris. “Ces bonnes femmes“, nous a-t-elle dit, ne lisaient que le Figaro, je ne pouvais parler avec personne de l’Huma et, surtout, c’était impossible de rire avec elles. Alors, je suis rentrée chez moi“. Les descriptions hilarantes de son séjour nous amusent encore.

    Nous trahirions notre grande amie si, avant de nous séparer, nous n’évoquions pas ses grands amours, Robert et Max.

    Robert, son petit frère, son Robigniou qu’elle avait caché durant l’Occupation dans la Sarthe, avec Lili, la petite sœur d’Henri Krasucki. Robert qui ressemblait tant physiquement à leur père. C’est flagrant sur les photos et elle en était heureuse. Robert qui a beaucoup aidé nos associations.

    Et Max, je cite Paulette: “Max, le frère, l’ami, le mari, l’amant, le père, le grand-père si merveilleux…”. Et nous ajoutons aussi : un très grand résistant.

    Pour conclure cette brève évocation, nous désirons vous citer trois extraits des très nombreux témoignages que nous avons reçus lorsque nous avons annoncé la mort de Paulette.

    Malgré les années, elle continuait à être à mes yeux, à sa manière unique, la même jeune résistante de ce groupe des ” jeunes Juifs de la MOI” que nous admirons tous“;

    Je suis très, très touchée par sa disparition. C’était… un Mensh, pas seulement debout mais droite“.;

    Nous l’admirions pour ce qu’elle avait fait. Nous l’aimions pour ce qu’elle était“.

  • Hommage à Paulette Sarcey: allocution de Laurence Patrice – 3 Novembre 2021

    Monsieur le Maire du 20e arrondissement, cher Eric Pliez,

    Madame la Présidente de MRJ-MOI, chère Claudie Bassi-Lederman,

    Mesdames et Messieurs les Présidentes et présidents d’association,

    Mesdames et Messieurs,

    Chers amis,

    Chers camarades,

    Chère Michèle, cher Claude, au moment d’évoquer le souvenir de votre mère, je veux vous adresser, ainsi qu’à vos proches, les pensées chaleureuses de la Maire de Paris, Anne Hidalgo que je représente ici.

    Nous sommes réunis, si nombreux ce matin. Votre famille et vos amis, les camarades et les proches de votre mère. Et je remercie infiniment Eric Pliez, de nous accueillir dans sa mairie de 20e arrondissement.

    Je suis particulièrement fière d’avoir proposé au vote du Conseil de Paris la délibération rendant hommage à Paulette Sarcey, et je veux naturellement saluer mon amie Catherine Vieu-Charier qui avait initié ce projet de plaque. Cette délibération a été votée à l’unanimité des Conseillers de Paris comme des élus du 20e arrondissement au préalable, et dans cette formulation que vous avez choisie chère Michèle, cher Claude : Paulette Sarcey, résistante juive, FTP-MOI, déportée à Auschwitz, chevalier de la Légion d’Honneur.

    Des mots qui seront désormais gravés, rue Pelleport, sur la façade de l’immeuble où Paulette vécut dans sa jeunesse, réveillant certainement le souvenir des plus anciens habitants du quartier, et s’offrant surtout à la curiosité des plus récents, interpellant je l’espère les passantes et des passants. Notre rendez-vous ici ce matin est d’abord un temps d’hommage que nous avons attendu du fait de la situation sanitaire, et qui nous fait à toutes et tous chaud au cœur.

    C’est aussi l’occasion tous ensemble d’exprimer notre immense reconnaissance à Paulette, et je dirais aussi, notre gratitude, et à travers nous, celles des Parisiennes et des Parisiens, pour son action de femme résistante, pour son parcours de militante, cette vie d’engagement qui raconte le cheminement d’une jeune fille confrontée à la déroute de l’humanité de son siècle, et qui de fait, a très tôt décidé de prendre ses responsabilités de citoyenne.

    Paula, Paulette, venait d’une famille ouvrière polonaise. Froïm, son père, était un ouvrier du cuir, militant syndicaliste et communiste, et Jenta (prononcer Yenta) sa maman travaillait elle dans la confection ; ils étaient venus confiants s’installer dans ce Paris qui a accueilli tant de familles d’Europe de l’Est. Des femmes, des hommes, des enfants qui ont dû ainsi trouver l’énergie de s’exiler, le courage de s’improviser un avenir, en fuyant les pogroms, l’antisémitisme de leur pays d’origine. On sait l’espoir que représentait pour ces familles notre ville, combien elles et ils croyaient à tous les possibles d’une vie nouvelle, en sécurité, dans la capitale des lumières, celle des Droits de l’Homme.

    Comme l’a dit si bien Simone Veil, je cite : «des immigrés qui avaient confiance en la France comme en leur terre d’asile».

    Et la jeune Paulette y a cru bien-sûr, dans le tourbillon d’une jeunesse joyeuse, elle fleurit dans le quartier de Belleville. Le foulard rouge noué autour du cou, elle participe aux fêtes de la Bellevilloise, et vend avec d’autres le dimanche au métro Belleville le journal Mon Camarade, à côté de son père qui lui vendait la Naïe Presse, concoctée au 14 rue de Paradis, dans le 10e qui m’est cher. Un lieu mythique qui reste aujourd’hui encore grâce à beaucoup d’entre vous ici, le cœur toujours battant de la mémoire des MOI et de l’UJRE… La jeune fille, encore une gamine, n’est aussi pas en reste pour aller manifester, pour s’engager, et comme tous les jeunes progressistes, elle est bien entendu un soutien, enthousiaste et solidaire de l’Espagne républicaine.

    Pour autant en Europe, elle sent les vents sournois s’insinuer, puis de plus en plus vifs et glacials ils se rapprochent, vents de haine, de violences antisémites des fascismes qui essaiment leur fiel mortel de par l’Europe.

    L’espoir de la République espagnole sombre dans la guerre civile sous les coups des franquistes, l’Italie se donne à Mussolini, et la République de Weimar se suicide en appelant Adolf Hitler à la chancellerie scellant ainsi le destin mortifère de l’Europe pour longtemps, ouvrant la voie au pire génocide de tous les temps.

    Pourtant, quand la France tombe à son tour, que surviennent la stupeur de la défaite et l’abomination de la collaboration, Paulette ne perd ni son aplomb ni ses convictions, elle ne reconnaît pas le pouvoir de Vichy. Et elle refuse, comme quelques-uns, cela a été dit, de porter l’étoile jaune. Imaginons la force de caractère, le courage de cette fille de tout juste 16 ans qui entre alors dans la Résistance avec les autres jeunes communistes de la MOI, avec Henri Krasucki, avec Robert Endewelt, avec Roger Trugnan… Oui elle a 16 ans seulement quand sous le nom de « Martine », elle incarne un des visages d’une résistance déterminée.

    Et à cette étape j’en profite pour redire combien les femmes, quels que soient les courants de la Résistance furent nombreuses et essentielles à s’y engager, mais aussi combien beaucoup, dès la libération, furent reléguées dans l’ombre.

    Cécile Rol Tanguy l’a bien souvent rappelé dans ses itw, ses témoignages, elle considérait que beaucoup de ses camarades femmes résistantes avaient été mal traitées et bien peu honorées dans la France d’après-guerre.

    Revenons donc à cette grande résistante que fut Paulette Sarcey. Vichy n’a de cesse bien-sûr de traquer ces jeunes communistes rebelles pour les briser. Ces autorités vendues aux nazis organisent alors des filatures minutieuses, espionnent les mouvements des jeunes gens. Et la police de Vichy arrive à ses fins mettant la main sur le collectif. Paulette est arrêtée le 23 mars 1943.

    Interrogée, torturée, elle est conduite le 18 mai à Drancy avant d’être déportée à Auschwitz par le convoi 55 du 23 juin 1943.

    Dans ces conditions si terribles, si extrêmes, après Drancy, après le supplice du convoi dans les wagons à bestiaux, à Auschwitz, condamnée à la faim, au froid, aux violences, aux maladies, Paulette Sarcey compte parmi les « chanceuses » mot horrible s’il en est, mais qui dit pourtant le sort de celles qui ont échappé au triage à l’arrivée du camps, à la mort immédiate dans les chambres à gaz.

    Là, Paulette a encore résisté, rejoignant la résistance intérieure du camp, aux côtés notamment de Marie-Claude Vaillant. Puis ce fut encore l’errance sur les routes terrifiantes et glaciales de Pologne et d’Allemagne, après l’évacuation du camp. Paulette survivra aux Marches de la Mort avant d’être libérée le 2 mai 1945.

    Cette histoire, elle la raconte dans Paula, survivre obstinément.

    «À mon retour d’Auschwitz, le 22 mai 1945, j’ai eu la chance inouïe de retrouver à Paris ma famille miraculeusement épargnée. Je n’ai ni oublié, ni pardonné et j’ai tenu parole: j’avais promis à mes camarades de déportation de tout raconter. Aujourd’hui, souvent inquiète pour l’avenir, je suis heureuse que mon histoire puisse être lue par tous.»

    C’est ainsi qu’elle introduit la publication de son témoignage.

    Effectivement le 22 mai, elle est de retour à Paris. Ils ne sont que six survivants sur les 57 personnes qui ont été arrêtées avec elle.

    Sans répit, elle va d’emblée retrouver, rue Julien Lacroix, les Jeunesses communistes et elle intègre la section des jeunes de l’UJRE, comme tu nous l’as dit, chère Claudie.

    Reprenant à la fois ses activités militantes et sa vie de camarade communiste, Paulette veut aussi honorer tout de suite ce serment fait à ses camarades de déportation «de tout raconter».

    Alors Paulette s’investit sans attendre et avec force dans les organisations d’anciens résistants et déportés, elle multiplie les témoignages et les entretiens. Il fallait mettre des mots sur l’innommable, cet univers concentrationnaire ou, comme le disait Charlotte Delbo, «La lumière de mort décomposait la vie»

    Elle consacre le reste de son existence, sans relâche, à témoigner de la vie, de la mort dans les camps, de la Résistance et des engagements de sa jeunesse.

    Dire, transmettre, rappeler à toutes et tous, faire savoir, faire connaître aux plus jeunes, l’histoire de la Shoah et celle du combat contre tous les fascismes.

    «Il faut rester ensemble pour être forts. Pour survivre. Pour que quelqu’un sorte raconter

    Disait-elle

    Nous découvrons à travers Paulette Sarcey une héroïne humble : elle a toujours associé ses soeurs et frères d’armes à son engagement. Car plus que les faits, plus que l’histoire, Paulette a voulu faire entendre et transmettre des valeurs :

    • L’importance de l’éducation populaire, et du partage des savoirs pour être plus forts, plus éclairés,

    • La nécessité absolue de la solidarité, de la fraternité des peuples et la vigilance nécessaire pour que l’union des coeurs et des volontés servent toujours le bien commun.

    La République l’a ainsi honorée de la Légion d’honneur, de la médaille militaire et de la Croix de guerre. Elle qui a toujours défendu justement les valeurs de cette République.

    Un idéal de liberté d’égalité de fraternité réel.

    Aussi par-delà notre hommage aujourd’hui, par-delà cette plaque qui garde trace et mémoire de son parcours, nous devons d’abord à Paulette de continuer, de prendre le relai bien-sûr de la transmission, mais aussi de son courage et de son audace au combat…

    Et chers amis, on le voit, on l’entend, il y a bien matière à combattre aujourd’hui.

    On a déjà depuis plusieurs années vu ressurgir des actes, des insultes antisémites, des dégradations de sépultures.

    Puis ce sont des hommes et des femmes, en France, au 21e siècle qui ont été torturés et assassinés parce qu’ils ou elles étaient juifs en France… je ne redirai pas la litanie de ces victimes, je rappellerai juste aujourd’hui le souvenir de Mireille Knoll, alors que se tient le procès de ses assassins en ce moment, eux qui étaient les voisins de cette femme dont la douceur, la générosité tranquille était bien connu depuis des décennies dans son quartier du 11e non loin d’ici.

    Combien de morts encore à venir dans ce pays ? La France où en 2021, on s’autorise sans complexe à sonder les gens pour savoir ce qu’ils pensent des juifs…

    Et où, ainsi, on donne écho à l’expression de celles et ceux qui pensent qu’il y a trop de juifs influents !

    Un glissement terrifiant ici de la banalisation dans les médias d’obscurs relents antisémites et négationnistes, où on laisse antenne ouverte à un homme condamné pour racisme et antisémitisme, un homme qui se vomit lui-même, en vomissant sur la repentance de la France, au nom d’une prétendue grandeur il nie le rôle de Vichy, insultant aussi bien les victimes de la Shoah, la Résistance constituée justement de tant d’hommes et femmes d’origine étrangère, unis pour défendre les valeurs démocratiques et républicaines . Et comme si cela ne suffisait pas, insultant les familles et victimes du terrorisme islamiste aujourd’hui… Ces propos de haine, cette volonté d’opposer les habitants de notre pays entre eux, de stigmatiser les unes et les autres du fait de leur religion, origine, genre et orientation sexuelle, n’est rien d’autre que le noyau d’une idéologie fasciste… laisser dire, laisser banaliser ces mots et ces idées c’est faire insulte à la mémoire de celles et ceux qui sont morts au combat contre tous les fascismes, morts dans les camps nazis, et c’est faire insulte au message, au travail de tous les grands témoins, comme le fut Paulette.

    Chers amis,

    Oui Paulette Sarcey fut de ces femmes et de ces hommes qui se lèvent quand tout bascule, quand la République, la liberté sont en danger car elles et ils croyaient possible et essentiel d’oeuvrer pour un monde meilleur, un monde de justice sociale, de paix et de fraternité.

    Sa vie entière en est la preuve, Paulette a agi et témoigné pour nous montrer, en toute humilité, mais avec constance et détermination, qu’il était toujours possible d’inverser le cours de l’histoire…

    Il nous revient maintenant de ne pas la décevoir

    Il nous revient dans ces semaines même, l’impérieux devoir, d’être dignes ensemble de cette leçon de courage, de générosité et de dignité que Paulette nous a laissé.

    Je vous remercie.

  • Paris 20ème: Hommage à Paulette Sarcey – 3 Novembre 2021

    Hommage à Paulette Sarcey,

    Résistante juive, communiste, FTP-MOI

    Mercredi 3 Novembre 2021, 10h45

    Mairie du 20ème Arrondissement

     

    La Mairie de Paris a rendu hommage à notre camarade à l’invitation d’Anne Hidalgo, avec Laurence Patrice Adjointe à la Maire de Paris, chargée de la mémoire et du monde combattant, et de Éric PLIEZ, Maire du 20e arrondissement.

    La cérémonie s’est déroulée à 10H45 dans la salle des mariages de la mairie du 20e arrondissement de Paris.

    Plusieurs allocuations ont été prononcé en présence d’un public nombreux:

    Le dévoilement d’une plaque à sa mémoire a été effectué à cette occasion. Dans les jours suivants, cette plaque sera posée au 165 rue Pelleport.

    Plaque Paulette Sarcey 165 rue Pelleport Paris 20ème

     

  • Extrême droite : danger extrême

    image

    Chacun a pu remarquer, dans la dernière période, l’offensive croissante des propagandistes d’extrême droite dans les médias et réseaux sociaux. Leurs thèmes ne sont pas nouveaux. Ils ont été agités de manière permanente depuis la Révolution française, notamment par le mouvement antidreyfusard, les ligues fascistes dans l’entre-deux-guerres,
    l’OAS pendant la guerre d’Algérie. Ils se sont plus particulièrement développés depuis les années 80, parallèlement à la montée politique du FN puis du RN.
    Mais les choses atteignent un degré de gravité extrême quand 20 généraux menacent publiquement de recourir à la
    force en vue d’une « remise en ordre » à leur façon et lorsque le polémiste Zemmour, devenu homme politique, développe les leitmotivs traditionnels de l’extrême droite dans un nombre croissant de médias complaisants, propriété des plus beaux fleurons du capital financier à base française.

    Le contenu de ces propos est récurrent, la thématique générale celle du déclin de la nation française. Une identité française, fixée définitivement au cours des siècles, est affirmée. Sont, en conséquence, accusés d’être à l’origine du déclin français tous ceux qui, pour une raison quelconque, seraient éloignés de cette identité. Cette ahurissante relecture de la réalité historique vient nier tous les brassages de populations qui ont eu lieu sur le sol français au profit de l’image d’une France dont les caractéristiques essentielles seraient éternelles et qui serait victime des apports étrangers auxquels on la contraindrait. À partir de cette vision essentialiste de la nation se construit une
    obsession de l’appartenance de chaque individu ou groupe à une identité supposée (qu’elle soit de type ethnique ou religieux) donnant lieu à stigmatisation et à xénophobie.

    La survenue de ce phénomène ne doit rien au hasard. Elle est à rattacher à la situation en France et dans le monde, qui se caractérise par une crise très profonde du mode de production capitaliste depuis le début des années 70, aux
    conséquences économiques et sociales (croissance des inégalités, sous-investissement dans les secteurs d’intérêt général: santé, éducation, préservation de l’environnement) mais également morales et culturelles. Après l’effondrement des systèmes mis en place dans les pays du bloc de l’Est, s’est institué, dans les pays occidentaux, un climat idéologique d’acceptation ou d’accompagnement de la domination du capital financier. Une grande partie des êtres humains, assaillis par les difficultés de la vie quotidienne, se réfugient dans un rêve religieux ou dans la recherche de boucs émissaires, au détriment des idées d’émancipation humaine.

    Le développement du complotisme a ouvert la voie dans ce domaine. Les manifestations de haine se sont alors multipliées. Quant au capitalfinancier, il n’a pas hésité à saisir l’opportunité qui se présentait en observant
    tout le parti qu’il pourrait tirer de la division de ses adversaires potentiels.

    Les thèmes de ces discours de haine sont très connus. Les immigrés sont accusés, mensongèrement [1], de bénéficier scandaleusement, par rapport aux nationaux, des prestations sociales, de voler le travail des Français, d’être les principaux facteurs de l’insécurité. Zemmour exalte la haine, la misogynie, l’homophobie, le virilisme … Mais il faut
    rappeler que, dans un contexte marqué, depuis les meurtres à motivation antisémite de Sébastien Selam et
    d’Ilan Halimi, soit depuis plus de 15 ans, les récentes manifestations de protestation contre la politique sanitaire
    du gouvernement ont elles aussi été entachées de nombreuses expressions d’antisémitisme.

    Dans ces conditions, comment s’étonner de relever dans la prose de Zemmour des propos xénophobes allant jusqu’à
    valider les thèmes antisémites [2] ? L’énumération est édifiante : contestation de l’innocence du capitaine Dreyfus, condamnation de Zola et des dreyfusards, réhabilitation du maurrassisme, notamment de son rôle contre la Résistance, insistance sur la prétendue filiation entre maurrassisme et gaullisme, réhabilitation de Pétain et de Vichy, défense d’un rôle supposément positif de l’État français dans le sauvetage des Juifs français, défense de l’attitude de Maurice Papon pendant la Seconde Guerre mondiale, critique de la loi Gayssot pénalisant le négationnisme de la Shoah et de la loi Pleven pénalisant racisme et antisémitisme, rejet du discours du Vel’ d’Hiv de
    Jacques Chirac reconnaissant la responsabilité de l’État français dans la déportation des Juifs (1995), mépris, entre autres, pour Sébastien Selam dont il conteste que le meurtre, commis le 20 novembre 2003, ait été dicté par l’antisémitisme, dénégation enfin de la nationalité française des victimes juives de Mohamed Merah, coupables pour Zemmour d’avoir été enterrées à l’étranger…
    Il ne suffit pas de dénoncer cette montée de l’extrême droite. L’urgence est de réfléchir aux conditions d’une lutte efficace contre celle-ci.
    Deux éléments liés entre eux nous paraissent fondamentaux:

    • La lutte contre l’extrême droite suppose une vigilance tenace de tous les jours qui ne peut être menée efficacement si chaque groupe stigmatisé agit seul pour la défense des siens. Ce serait reproduire, en miroir, les identités attaquées par l’extrême droite.
    • Le nécessaire combat contre les idées xénophobes, racistes et antisémites doit être mené dans le cadre du rassemblement le plus large possible, éloigné de toute exclusive.

    C’est dire que la lutte contre l’idéologie d’extrême droite doit être menée au nom au nom des valeurs décrites
    et garanties par la Déclaration des droits de l’homme de 1789, reprise dans le préambule de l’actuelle Constitution française. Mais cette lutte ne sera efficace que si elle est accompagnée d’un minimum de mesures visant à la sortie de la crise générée par la domination du capital financier.

    Bureau de l’UJRE, 21/10/2021
    [1] Voir par exemple, https://www.histoire-immigration.fr/questions-
    contemporaines/economie-et-immigration/quel-est-le-poidsde-
    l-immigration-sur-les
    [2] Voir, https://www.leddv.fr/analyse/eric-zemmour-glaive-et-bouclier-de-lextreme-droite-20211007

  • Vérité et Justice – 60e anniversaire : 17 Octobre 1961 – 17 Octobre 2021

    Manifestation à PARIS dimanche 17 octobre 2021
    à 15 h, du cinéma REX au pont Saint-Michel

    Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d’Algériens manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre-feu discriminatoire qui leur avait été imposé par le gouvernement de l’époque dont le Premier ministre, Michel Debré, était hostile à l’indépendance de l’Algérie, et le Préfet de Police Maurice Papon sous ses ordres. Ils défendaient leur droit à l’égalité, leur droit à l’indépendance et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ce jour-là, et les jours qui suivirent, des milliers de ces manifestants furent arrêtés, emprisonnés, torturés – notamment par la « force de police auxiliaire » – ou, pour nombre d’entre eux, refoulés en Algérie. Des centaines perdirent la vie, victimes d’une violence et d’une brutalité extrêmes des forces de police parisiennes.
    60 ans après, la Vérité est partiellement en marche. Cependant, la France n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales qu’elle a menées – en particulier la Guerre d’Algérie – non plus que dans le cortège de drames et d’horreurs qu’elles ont entraînés, comme ce crime d’État que constitue le 17 octobre 1961. Le 17 octobre 2012, le Président de la République (François Hollande) avait certes fait un premier pas important, en déclarant : « Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes. » Mais le terme de crime n’est pas repris, et la responsabilité, sous entendue, n’est pas clairement définie. Nous demandons une parole claire aux autorités de la République, au moment où certains osent encore aujourd’hui continuer à parler des « bienfaits de la colonisation », à célébrer le putsch des généraux à Alger contre la République, à « honorer » les criminels de l’OAS.
    Dans ce domaine, il est donc nécessaire que des mesures significatives soient prises :
    ➢ Que la lumière soit faite sur les soi-disant « retours vers leurs douars d’origine » des Algériens survivants du 17 octobre envoyés en fait dans des camps de la mort de l’Algérie coloniale.
    ➢ Que la création d’un lieu de mémoire voué à cet événement, demandée dans la résolution votée par le Sénat en octobre 2012 qui reconnaissait elle aussi ce massacre, soit rapidement mise en œuvre par les autorités de l’État, de la Ville de Paris et la Région Île-de-France.
    ➢ Pour être fidèles à leur mission scientifique, les historiens ont besoin de pouvoir accéder librement aux archives, échapper aux contrôles des pouvoirs ou des groupes de pression et travailler ensemble, avec leurs collègues algériens
    ➢ La vérité doit être dite sur l’organisation criminelle de l’OAS que certains au sein de la droite et extrême droite politique veulent réhabiliter.
    ➢ Faute d’une telle reconnaissance, le système de ce type de violence policière se reproduit.
    Ce n’est qu’à ce prix que pourra disparaître la séquelle la plus grave de la Guerre d’Algérie, à savoir le racisme, l’islamophobie et les discriminations dont sont victimes aujourd’hui nombre de citoyennes et citoyens, ressortissants d’origine maghrébine ou des anciennes colonies, y compris sous la forme de violences policières récurrentes, parfois meurtrières.
    On ne construit pas la démocratie sur des mensonges et des occultations. Après plus d’un demi-siècle, il est temps :
    ✓ Que le Président de la République, au nom de la France, confirme, par un geste fort, la reconnaissance et la condamnation de ce crime d’État. Comme il l’a fait en septembre 2018 pour l’assassinat de Maurice Audin, et en mars 2021 pour celui de maître Ali Boumendjel par l’armée française et pour l’existence d’un système de torture généralisé. Cette reconnaissance doit s’étendre aux milliers d’Algériens qui en ont été victimes (voir le site www.1000autres.org) ;
    ✓ Que l’État français reconnaisse sa responsabilité dans l’internement arbitraire, pendant la Guerre d’Algérie, d’Algériens dans des camps ;
    ✓ Que la liberté d’accès aux archives soit effective pour tous, historiens et citoyens ;
    ✓ Que la recherche historique sur ces questions soit encouragée, dans un cadre franco-algérien, international et indépendant.
    ✓ Qu’une loi de réparation soit mise en œuvre

  • Halte à la  banalisation des propos antisémites

    L’un des généraux signataire du récent appel à putsch (26/04/2021) a qualifié un certain nombre de journaux de « meute médiatique ». Interrogé lors d’un entretien sur la chaîne de télévision Cnews quant à l’identité de ceux qui contrôlent ces organes de presse, il a parlé de « la communauté que vous connaissez bien. » Malgré l’ellipse, le propos antisémite évident est caractérisé.

    L’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE*) condamne fermement cette manifestation d’antisémitisme. Le parquet de Paris a ouvert une enquête. L’UJRE souhaite qu’elle débouche sur une condamnation sévère : il faut empêcher que la banalisation des expressions antisémites, déjà présente, se développe encore. 

    L’UJRE ne se lassera pas d’exiger, comme elle le fait depuis de nombreuses années, que soit mise en place une politique de lutte contre l’antisémitisme à mener avec continuité et fermeté, et qui comprenne des mesures tant éducatives que répressives.

  • Faire face!

    12 Juin, à 14 heures

    Place Clichy

    En s’appuyant sur la crise sanitaire, économique et sociale le pouvoir et la droite se livrent a une surenchère avec l’extrême droite qui favorise racisme, antisémitisme et toutes formes de discrimination. Pour combattre toutes ces dérives, manifestons ensemble le 12 juin 2021

  • C’était un samedi : la déportation des Juifs de Ianina

    L’UJRE Signale:

    Au Théâtre de La Commune d’Aubervilliers, du 24 au 27 Juin 2021

    C’était un samedi : Μέρα Σάββατο

    de Irène Bonnaud, Joseph Eliyia, Dimitris Hadzis, avec Fotini Banou (jeu, chant)

    20-21 c’était un samedi

    Présentation de la pièce par le Théâtre de la Commune d’Aubervilliers:

    C’était un samedi, en 1944, dans la ville grecque d’Ioannina.

    L’une des plus anciennes communautés juives du continent européen – ni ashkénaze, ni séfarade, mais « romaniote » – fut massivement déportée par la Wehrmacht dans le camp d’Auschwitz. Dans le sillage de Guerre des paysages, Irène Bonnaud fait de la Grèce l’ombre portée de notre histoire.

    À la croisée du documentaire, de la musique et de la littérature, ce théâtre de la mémoire puise dans les traditions musicales de l’Épire, comme dans les témoignages des rescapés pour exhumer les rêves enfouis dans le passé et conjurer les cauchemars des vivants. Mais qui d’autre que l’écrivain Dimitris Hadzis, militant communiste et natif d’Ioannina, pour nous rassembler autour de ce récit ?

    De son recueil de nouvelles La Fin de notre petite ville, et en particulier celle intitulée « Sabethaï Kabilis », le spectacle retient l’entrelacement de deux trajectoires intimes avec la terrible destinée de cette communauté.

    Dans un contexte vif de lutte des classes, le rapport que Sabethaï Kabilis, notable, scelle avec son presque fils adoptif Joseph Eliyia, prof de français, poète, militant communiste et traducteur de la Torah, symbolise tout autant une relation père-fils impossible qu’un destin collectif.

    C’était un samedi donne à entendre leurs voix, puisque les deux protagonistes ont réellement existé, ainsi que, dans une chronique écrite par Irène Bonnaud, celles des quelques rares survivantes et survivants déportés. Il nous plonge également dans le souvenir mélancolique d’un monde pratiquement disparu, et la beauté de ses élégies.