Deux mandats d’arrêt de la Cour Pénale Internationale
Crimes de guerre et crimes contre l’humanité en Israël et en Palestine
Au terme d’une enquête sur la situation en Palestine, la Cour pénale internationale (CPI) a délivré, le 21 novembre 2024, un mandat d’arrêt à l’encontre de Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, connu sous le nom de Deif [1], considérant que les meurtres commis depuis l’opération du 7 octobre 2023 sur les territoires de l’État d’Israël et de l’État de Palestine répondent aux qualifications de crime de guerre (“attaques contre des civils“, “prise d’otages civils“, “torture“, “viol et autres formes de violences sexuelles“, “traitements cruels“, “atteintes à la dignité de la personne” …) et de crime contre l’humanité (“d’extermination” par le “caractère coordonné de la commission du meurtre de civils“).
Elle a aussi délivré un mandat d’arrêt à l’encontre de Benyamin Netanyahou et de Yoav Gallant [2], pour des crimes de guerre (“diriger intentionnellement des attaques contre la population civile“, “fait d’affamer des civils comme méthode de guerre“) et des crimes contre l’humanité (“meurtre, persécution et autres actes inhumains“) commis depuis le 8 octobre 2023, en violation du droit international humanitaire et du droit relatif aux conflits armés non internationaux (“combats opposant Israël et le Hamas“).
Le Premier ministre israélien, après avoir échappé à la justice de son propre pays qui le poursuit pour des accusations de corruption, provoquant une indignation et des manifestations massives de citoyens israéliens, a réagi au mandat d’arrêt de la CPI en jugeant la Cour “antisémite“, et en le comparant à un “procès Dreyfus d’aujourd’hui qui se terminera de la même façon” ; Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, a quant à lui réagi en projetant d’annexer toute la Cisjordanie.
L’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE) s’offusque que Netanyahou ose se comparer au capitaine Dreyfus, victime de l’antisémitisme de la fin du XIXe siècle. Il contribue ainsi au confusionnisme ambiant. L’argumentaire de la CPI [2] n’est pas antisémite et si Dreyfus a bien été innocenté et réhabilité, Netanyahou devra bien être jugé.
L’UJRE se félicite que la CPI, par ces mandats d’arrêt, pointe leur responsabilité dans les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par le Hamas, qui met en cause le droit de l’État d’Israël à son existence et donc à sa sécurité, et par le gouvernement d’extrême droite de Netanyahou, à Gaza, en Cisjordanie et au Liban, dont les actes mettent en cause l’existence même du peuple palestinien.
Elle souhaite que soient tout aussi clairement désignés les complices de ces crimes contre l’humanité et de ces crimes de guerre, groupes et organisations islamistes du Moyen-Orient qui veulent la destruction de l’État d’Israël.
Comme ses amis du Réseau d’actions contre l’antisémitisme et tous les racismes (RAAR), l’UJRE considère que “ces mandats constituent une étape cruciale pour garantir que justice soit rendue aux victimes de ces violences inacceptables“.
L’UJRE compte sur l’action des Pouvoirs publics pour se conformer à ces mandats et faire ainsi respecter les engagements internationaux de la France en appliquant les décisions de la CPI, dont la légitimité est indiscutable, quoiqu’en dise Netanyahou.
Elle rappelle qu’en février dernier, elle communiquait sur les «deux forces d’extrême droite [qui] se combattent:
- d’un côté, un groupe terroriste fasciste, le Hamas, financé par des États islamiques, qui tient toute la population de Gaza sous son diktat et dont le rêve absolu est de rayer Israël de la carte en jetant
les juifs à la mer. Aucune personne sensée et a minima objective ne peut prétendre que cette organisation milite pour le droit des Palestiniens à disposer d’un État libre et indépendant. - de l’autre, le gouvernement israélien, doté de quatre ministres fascistes, dirigé par un Premier ministre qui espère, via ce conflit, sauver sa tête suite, entre autres, à la décision de la Cour suprême d’invalider une disposition majeure de la réforme judiciaire et totalement antidémocratique, entreprise par le gouvernement et visant à ôter aux juges le droit de se prononcer sur “le caractère raisonnable” des décisions du gouvernement.»
Aujourd’hui, l’UJRE rappelle les positions qu’elle a toujours défendues :
- Cessez-le feu immédiat
- Libération des otages détenus par le Hamas
- Ouverture de Gaza à l’aide humanitaire
- Condamnation des actes terroristes du Hamas
- Condamnation de la politique du gouvernement Netanyahou
- Retour aux frontières de 1967 (fin de l’occupation et de la colonisation des territoires palestiniens : Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est)
- Reconnaissance d’un État de Palestine indépendant
- Reconnaissance par tous les États du droit de l’État d’Israël à sa sécurité
Comme la CPI, elle considère que la vie de tous les êtres humains a une valeur égale, à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, en Israël et dans le monde.
Le Bureau de l’UJRE,
Paris, le 25 novembre 2024
Communiqués du 22 novembre 2024 de la CPI :
- [1] Émission d’un mandat d’arrêt contre Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri (Deif), https://www.icc-cpi.int/fr/news/situation-dans-letat-de-palestine-la-chambre-preliminaire-i-de-la-cpi-delivre-un-mandat-darret
- [2] Émission d’un mandat d’arrêt contre Benyamin Netanyahou et Yoav Gallant, https://www.icc-cpi.int/fr/news/situation-dans-letat-de-palestine-la-chambre-preliminaire-i-de-la-cpi-rejette-les-exceptions