Selma Meerbaum – Maison de la Poésie – Librairie Exc (Paris 3ème)
Selma Meerbaum, née à Czernowitz (Bucovine) en 1924, est morte en déportation à 18 ans.
Blütenlese . Florilège
le bousquet-la barthe éditions à la Librairie EXC, 157 rue Saint-Martin Paris 3ème.
Samedi 10 décembre 2022 à 19h
Présentation-lecture de poèmes de Selma Meerbaum-Eisinger
avec les traductrices Valentina Paniagua et Luisa Maria Schulz
Stille
Im Zimmer schwebt die Stille und die Wärme,
ganz wie ein Vogel in durchglühter Luft,
und auf dem schwarzen kleinen Tische
liegt still das Deckchen, dünn und zart wie Duft.
Das Glas mit klarem Wasser, wie ein Traum,
wacht, daß das Glöckchen neben ihm nicht lärme
und wartet scheinbar auf die kleinen Fische.
Die rote Nelke dämmert in den Raum,
als wäre sie dort Königin.
Die ganze Stille scheint für sie zu sein,
und nur die Flasche mit dem süßen Wein
blinkt still und wie befehlend zu ihr hin.
Sie aber schwebt auf ihrem grünen Stengel,
dünn wie im Kindertraum das Kleid der Engel
und ihr betäubend süßer Duft lullt ein,
als wollt’ er aus dem Märchenschlaf Dornröschen rauben.
Die Fenster blicken auf die Straße und sie glauben,
daß dort sei alles nur für sie getan.
Der Spiegel glänzt und in ihm tickt die Uhr,
ganz weit im fernen Dorfe kräht ein Hahn,
und die Gardinen bändigt eine blaue Schnur.
Die Nelke mit den zarten roten Spitzen
harret des Sonnenstrahls, der durch die Ritzen
ihr heut ein Kleid aus Goldstaub angetan.
24.10.1939
Silence
Autour de moi planent le silence et la chaleur
comme un oiseau dans l’air incandescent
et sur la petite table noire
repose le napperon, léger comme une odeur.
Comme dans un rêve, le verre rempli d’eau claire défend
à la petite cloche près de lui de faire le moindre bruit
et attend, semble-t-il, les petits poissons.
Un oeillet alangui
rougeoie comme une reine.
Tout le silence paraît lui rendre hommage,
Seule une bouteille de vin moelleux le dévisage,
calme, étincelante, hautaine.
Mais lui, sur sa tige verte, tout léger, il frémit,
fin comme la robe d’un ange dans un rêve d’enfant,
avec un parfum doux, grisant qui étourdit,
comme pour ravir à son sommeil la Belle au bois dormant
Les fenêtres contemplent la rue, persuadées
que tout ne se fait que pour elles.
Dans le miroir éclatant une horloge fait tic tac,
au loin dans le village endormi chante le coq
les rideaux sont retenus part de bleues ficelles
L’oeillet rouge aux pointes fragiles et tendres
tend vers le rayon qui, à travers les fentes
L’a vêtu d’un habit de poudre dorée.
24 octobre 1939