Journée Nationale de la Résistance 2023: communiqué de presse
27 Mai 2023
Journée Nationale de la Résistance
L’UJRE, membre du Comité Parisien de la Libération (présidé par Jean Rol-Tanguy) et du Comité de pilotage de la Journée Nationale de la Résistance à Paris (présidé par Guy Hervy), relaie leur communiqué de presse émis ce jour le reproduisant ici:
La loi du 19 juillet 2013 institue une Journée Nationale de la Résistance (JNR). Elle est fixée au 27 mai, historique date anniversaire de la première réunion dans la plus totale clandestinité du Conseil National de la Résistance en présence de Jean Moulin.
En cette année des 80 ans du CNR et de la mort de Jean Moulin, le rendez-vous commémorant ce moment est prévu samedi 27 mai prochain à 10 heures 30, devant le 48 de la rue du Four (6ème arrondissement) pour un hommage qui se veut populaire et démocratique.
Le Comité Parisien de la Libération (CPL) qui héberge les plus de 80 associations porteuses des valeurs et de la mémoire de la Résistance dans la capitale et les anciens départements de la Seine, qui anime leur Comité de pilotage, organise en leur nom ce traditionnel rassemblement mémoriel.
À l’heure où l’extrême droite se voit autorisée à défiler dans les rues de Paris, il est indispensable de resserrer les rangs de tous les défenseurs de la démocratie, des libertés publiques et privées, de tous ceux qui récusent le racisme et l’antisémitisme, qui combattent les inégalités sociales et sociétales.
Dans ce contexte, le CPL et le COPIL de la JNR à Paris, ses 80 associations mémorielles, se déclarent surpris et profondément attristés par la décision du Président de la République, d’honorer dans la plus grande discrétion le CNR et son fondateur, demain 24 mai au soir, entouré seulement de quelques invités.
En ignorant les rendez-vous des 25, 26 et 27 mai 2023, organisés par le CPL et les associations patriotiques avec les derniers résistants encore présents, les ultimes témoins, les enfants des écoles, collèges et lycées, des artistes et créateurs, le Président Macron tourne le dos au monde résistant, celui-là même qui, année après année, se porte volontaire pour transmettre à la jeunesse de notre pays, le message de gloire et de sang de la Résistance française, de sacrifice et de renouveau.
Jean Rol-Tanguy, Président du Comité Parisien de la Libération.
Guy Hervy, coordonnateur du Comité de Pilotage de la Journée nationale de la Résistance à Paris
18ème Festival de la Résistance au cinéma : Nous étions des combattants
NOUS ÉTIONS DES COMBATTANTS
C’est avec grand plaisir que nous relayons ci-dessous le message de nos amis de l’association Mémoire des Résistants Juifs de la Main-d’Œuvre Immigrée (MRJ-MOI), concernant le Festival de la Résistance au cinéma,du 24 Mai au 6 Juin 2023 , que nous vous signalions dans le numéro de mai de La Presse Nouvelle Magazine.
Vous pouvez accéder au beau programme du Festival de la Résistance au cinéma dans lequel nous sommes en bonne place les 1er et 6 juin avec la projection du film Nous étions des combattants de Pierre Chassagnieux & Pauline Richard, produit par l’association MRJ-MOI. Votre présence à tous est nécessaire aux côtés de Renée Poznanski et de Pierre Chassagnieux, pour donner de l’importance à notre place dans ce festival qui a lieu chaque année.
Nous recommandons en particulier les 2 projections du film “Nous étions des combattants” qui seront présentés et commentés par Renée Poznanski et Claudie Bassi-Lederman
Nous étions des combattants
Film de Pierre Chassagnieux & Pauline Richard
France, documentaire, 2017, 70 minutes
Produit par l’association Mémoire des Résistants Juifs de la M.O.I., MRJ-MOI- Jeudi 1er juin à 20h00 → cinéma Le Trianon / Romainville-Noisy le Sec
- Mardi 6 juin à 19h00 → cinéma L’Écran nomade – Bibliothèque Elsa Triolet, 4 rue de l’Union / Bobigny
Djerba : Halte au terrorisme
L’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE) exprime sa compassion envers les victimes, et leurs proches, du récent attentat perpétré aux abords de la synagogue de la Ghriba à Djerba (Tunisie), lequel intervient dans un climat de xénophobie affectant ce pays. Elle condamne ce crime avec la plus grande fermeté.
L’UJRE, organisation juive, laïque et progressiste, considère cette attaque intervenue en ce lieu et à l’occasion d’un pèlerinage religieux – lequel s’inscrit dans le cycle des fêtes pascales juives qui commémorent la libération de l’esclavage d’un peuple – comme la marque d’un acte antisémite.
Cet attentat a été revendiqué. Nous attendons des autorités tunisiennes qu’elles mènent les enquêtes nécessaires sur toutes les complicités possibles du meurtrier, membre des forces de police, qui outre les deux cousins pèlerins, français et israélo-tunisien, a aussi abattu un policier puis deux gardes.
L’UJRE réaffirme avec force sa condamnation du terrorisme.
8 Mai 1945: l’Allemagne nazie capitule
Après la capitulation, le 6 mai 1945, des troupes allemandes sur le front ouest, à Wageningen (Pays-Bas), dans la nuit du 8 au 9 mai 1945, l’Allemagne nazie capitulait à Berlin. Elle avait fait de l’Europe un grand cimetière et un champ de ruines. Pendant les années de guerre, sur tout le vieux continent soumis à la barbarie nazie, se levèrent des centaines de milliers d’hommes et de femmes. Parmi eux, beaucoup de jeunes juifs, notamment en France dans les groupes des FTP-MOI et des autres organisations de résistance, ou dans des forces combattantes, comme les centaines de milliers de combattantes et combattants juifs, soldats comme généraux, au sein de l’armée soviétique.
C’est le maréchal Wihelm Keitel qui signera la capitulation, lui qui, dans la préparation de l’opération Barbarossa, visant l’invasion de l’URSS avait planifié la chasse à tout opposant, dès le début de 1941 est l’auteur des directives autorisant les troupes à toutes les exactions qu’elles vont perpétrer, y compis celles des einsatzgruppen, groupes d’extermination, qui vont cibler les juifs. Ces directives seront étendues à tous les pays occupés par les troupes allemandes sous le nom de décret NN Nacht und Nebel (Nuit et Brouillard) qui permettent l’arrestation des résistants ou de tous opposants avec, entre autres, les consignes: Les prisonniers disparaîtront sans laisser de trace, Aucune information ne sera donnée sur leur lieu de détention ou sur leur sort.
Avec quelques autres criminels nazis, à l’issue du procès de Nuremberg, Wihelm Keitel a été condamné à mort et exécuté par pendaison en raison de plan concerté ou complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
La lutte contre l’oppression nazie et ses complices amena les forces démocratiques à s’unir et se rassembler pour la paix et le progrès social, menant, en France, au partage du programme du Conseil National de la Résistance,le programme des Jours Heureux, mis en oeuvre à la Libération.
Rencontres du 14: Catherine Varlin-Winter, résistante, militante, journaliste (1925-2004)
Catherine Varlin-Winter, résistante, militante, journaliste (1925-2004)
Samedi 13 Mai , 15 heures
La rencontre prévue le 11 février 2023 avec Claude Collin avait dû être reporté, en raison du mouvement social. Pour problèmes de santé, Claude Collin sera indisponible.
Cependant, les trois associations de la Fédération “Espace Mémoire du 14” (Amis de la CCE, Mémoire des Résistants juifs de la M.O.I. et Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide) ont décidé de maintenir cette date du 13 MAI 2023 à 15h., avec la participation de Frédéric Winter, fils de Catherine Varlin-Winter.Inscription obligatoire par message électronique à l’adresse: rencontresau14@gmail.com
Nous reproduisons ci-dessous la recension de cet ouvrage parue dans La Presse Nouvelle Magazine numéro 398 de septembre 2022.
Son ouvrage sera disponible pour un achat avec dédicace.
Le traditionnel pot de l’amitié clôturera notre rencontre.
Journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportation: commémorations du 29 avril 2023
Pour cette journée nationale du souvenir, instaurée depuis 1954, nous vous invitons à vous joindre aux nombreuses commémorations qui ont lieu partout en France.
L’UJRE y sera présente notamment:
- Samedi 29 à la Gare de déportation de Bobigny:https://afma.fr/index.php/actualites/269-journee-nationale-du-souvenir-des-victimes-et-heros-de-la-deportation-29-avril-2023
- Dimanche 30 au Fort de Romainville : https://www.ville-romainville.fr/agenda/16976/897-journee-nationale-du-souvenir-de-la-deportation.htm
- Dimanche 30 à Paris 13ème: Après la cérémonie organisée par la Mairie du 13ème arrondissement, https://cdn.paris.fr/paris/2023/04/26/invitation-commemo-30-avril-2023-recto-verso-sPMw.pdf, les Ami•es de Simon et Hélène Gingold invitent à nous retrouver à 12h devant le 137 Bd de l’Hôpital (métro Campo Formio, ligne 5) où sera rendu hommage aux victimes de la barbarie nazie de la cité et au courage de celles et ceux qui l’ont combattue.Nous reviendrons particulièrement sur le parcours d’exilé, de résistant et de militant de notre ami et camarade Simon (Siegmund) Gingold, né à Aschaffenburg (Allemagne) en 1922 et qui nous a quitté le mois d’octobre dernier.
26 avril 2023 : À Orsay, la mémoire sous nos pieds
“Un homme n’est oublié que quand son nom est oublié”
Mercredi 26 avril 2023, Hôtel de Ville d’Orsay (91400) à 17h30
Nous vous invitons à participer à la cérémonie organisée par la municipalité d’Orsay (Essonne) le mercredi 26 avril 2023 à l’Hôtel de Ville à 17h30, suivie d’un parcours, de 17h30 à 18h30, pour la pose de neuf pierres commémoratives Stolpersteine* devant les domiciles des 9 juifs orcéens arrêtés et déportés pendant la Seconde Guerre Mondiale : Lazare et Sarah Parzenczewski, Gitla Kuperberg, Aron, Chana Frajda, Marguerite et Benjamin Fogiel, Abraham et Sabine Hinerman (entrée libre / tout public).
- 17h30 – Cérémonie à l’Hôtel de Ville, 2 Pl. du Général Leclerc, 91400 Orsay
- 17h30 à 18h30 – Pose des pierres au 15 rue bis Archangé
Ces Stolpersteine, aussi dénommés «les pavés du souvenir», ont été créés par Gunter Demnig. Ils illustrent une manière de se souvenir des victimes de la Seconde Guerre Mondiale. Pour plus de détails, lire l’article de François Mathieu paru en page 10 de La Presse Nouvelle Magazine n° 285 d’avril 2011.
Note : l’Association Stolpersteine en France porte le projet artistique européen en mémoire de la déportation et de l’extermination des juifs, des nomades (Manouches, Roms, Yéniches, …), des déportés politiques, des homosexuels, des témoins de Jéhovah, des handicapé.es et de toutes les victimes du nazisme ; projet qui représente le plus grand mémorial décentralisé d’Europe.
24 Avril 2023: Journée nationale de commémoration du génocide des Arméniens
Le 24 avril 1915, 600 notables arméniens sont assassinés à Constantinople sur ordre du gouvernement nationaliste panturc. Après les massacres de 1894-1896 déjà dénoncés par Jean Jaurès et Anatole France, puis ceux de 1909, c’est le début d’un génocide qui coûtera la vie à environ 1,2 million de personnes : les deux tiers des Arméniens de l’Empire ottoman.
C’est aussi dans ce contexte que sont aussi poursuivies et chassées d’autres minorités sur le territoire de l’Empire ottoman de la Turquie actuelle et des ses alentours, ainsi les grecs “pontiques”, qui vivaient pacifiquement sur le territoire, sont poussés à l’exil et les assyro-chaldéens sont eux aussi déportés ou massacrés, constituant un crime contre l’humanité connu aussi sous le terme Sayfo .
Comme ailleurs, le négationnisme des gouvernements ultranationalistes n’empêchera ni la mémoire de rester vive, de se transmettre et de s’enrichir de la recherche historique, ni l’exigence de justice de progresser et de s’affirmer avec toujours plus de force.
Le 24 Avril est désormais une date marquante, une date nationale de mémoire, et des commémorations sont organisées partout en France, auxquelles nous vous invitons à vous joindre.
Il y a 80ans, le 21 avril 1943, les résistants juifs fondaient l’UJRE
Varsovie – Paris – Avril 1943: du soulèvement du Ghetto à la fondation de l’UJRE
- L’article de Bernard Frederick, rédacteur en chef de la Presse Nouvelle Magazine
- L’allocution de Claude Sarcey, co-Président de l’UJRE
L’article de Bernard Frederick dans la Presse Nouvelle Magazine n°405 d’Avril 2023:
Le 21 avril 1943, des responsables des zones Sud et Nord de la section juive de la MOI, Main-d’Oeuvre Immigrée, se réunissent clandestinement à Paris. Ils décident de créer l’Union des juifs pour la Résistance et l’entraide (UJRE).
Elle rassemble des organisations clandestines des deux zones: Secours populaire, Solidarité, l’Union des femmes juives, l’Union de la jeunesse juive (UJJ), des groupes de combat juifs et des groupes de la Commission intersyndicale juive.
Deux jours avant cette réunion, l’Organisation Juive de Combat (OJC) qui regroupe les organisations de gauche du Ghetto de Varsovie lance une insurrection menée par quelques centaines de jeunes juifs, garçons et filles, mal armés, face à des milliers d’Allemands et leurs supplétifs ukrainiens et baltes suréquipés.
«La révolte du Ghetto de Varsovie, constituant un acte éminemment conscient et réfléchi, conçu sous les aspects de la plus haute moralité humaine, n’était qu’une conséquence logique et inéluctable de l’attitude envers l’ennemi pendant l’occupation, le couronnement de l’esprit de résistance qui animait la population du Ghetto et, en même temps, un memento déchirant pour l’humanité tout entière», souligne Mieczyslaw Warm dans Le Monde Juif 1973/1 (N° 69) Le 26 avril 1943, Mordechaï Anielewicz, chef de la révolte du ghetto de Varsovie, signait sa dernière lettre avant de se donner la mort. À l’instar des combattants de Massada, ces Juifs avaient préféré mourir les armes à la main plutôt que d’être déportés vers les camps nazis.
« Ce qui est arrivé a dépassé nos rêves les plus insensés. Deux fois les Allemands se sont enfuis de notre ghetto. Un de nos pelotons a tenu quarante minutes et l’autre six heures… Je n’ai pas de mots pour vous décrire les conditions de vie des Juifs. Seul un petit nombre survivra ; les autres périront tôt ou tard. Les dés en sont jetés. Dans les caves où se cachent nos camarades, on ne peut, faute d’aération, allumer aucune bougie… J’ai l’impression que de grandes choses se produisent et ce que nous avons osé faire est d’une grande et énorme importance… j’ai été le témoin du combat héroïque des juifs du Ghetto… L’essentiel est que le rêve de ma vie est devenu vrai ; j’ai assez vécu pour voir la résistance juive dans le ghetto dans toute sa grandeur et toute sa gloire.» (Ghetto de Varsovie, 26 avril 1943)
L’écho du soulèvement des Juifs de Varsovie fut immense. L’année 1943 avait commencé avec la capitulation allemande à Stalingrad. L’espoir changeait de camp. Les groupes communistes juifs, en France, écrit Alex Gromb, « comprirent et exaltèrent immédiatement la portée de l’insurrection du ghetto de Varsovie, la plus grande lutte de notre peuple martyr depuis le soulèvement de Bar Kochba (…), une nouvelle étape de la lutte d’autodéfense des masses populaires juives dans tous les pays occupés… » [1].
Après la guerre, les commémorations de l’insurrection du Ghetto de Varsovie prennent un tour et un sens différents selon les courants qui traversent la «communauté ». [2] Celles de l’UJRE, proche des communistes, connaissent une grande audience (elles ont longtemps eu lieu dans la grande salle de la Mutualité à Paris). Elles sont l’occasion, au-delà de l’hommage à la «gloire immortelle» des héros du Ghetto, de prises de positions politiques liées à l’actualité, par exemple au moment du réarmement allemand et de l’éphémère projet de Communauté Européenne de Défense (CED). Les plus anciens conservent le souvenir des discours enflammés du philosophe Jankélévitch, alors président de l’UJRE. Ces soirées, puis après-midi, commémoratives auront, cependant, jusqu’à aujourd’hui, en dépit d’aléas, parfois fort tristes et consternants, un fil conducteur dont les deux termes sont : antiracisme et paix. Expression indubitable de la continuité de l’esprit de la Résistance.
[1] La Brève histoire de l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide, éditée par l’UJRE le 22/06/2014 regroupe 3 articles parus dans les PNM nos.306 (05/2013), 307 (06/2013), 308 (09/2013).
[2] Simon Perego, Pleurons-les : Les Juifs de Paris et la commémoration de la Shoah (1944-1967), Éd. Champ Vallon, 2020.
L’allocution de Claude Sarcey, co-Président de l’UJRE
Cette allocution, préparée par Jacques Lewkowicz, co-Président de l’UJRE et prononcée le 19 Avril 2023 lors de la commémoration du soulèvement du ghetto de Varsovie, place Marek Edelman, rappelle le contexte fondateur de l’UJRE.
A propos des évènements de Varsovie en avril et mai 1943, on dispose d’un vocabulaire varié : Soulèvement , révolte, insurrection, Massada du XXème siècle. Cette variabilité du vocabulaire signale un problème de signification de l’évènement.
Pour l’éclaircir, je rappellerai ce qu’en disait, en substance, l’un des principaux dirigeants de l’UJRE, ancien résistant et déporté à Aushwitz, Marceau Vilner dans l’immédiat après-guerre :
C’était une action ni isolée, ni de désespoir; car:
• D’une part, elle a mûri alors que la défaite des nazis à Stalingrad détruisait la légende de leur toute puissance,
• D’autre part, elle a été rendue possible par l’aide insuffisante mais réelle de la résistance polonaise et des partisans juifs de l’extérieur du ghetto,
Non! Les 40 000 derniers survivants du ghetto n’ont pas cherché une mort héroïque mais sans perspective.
On ne combat que pour la vie, seul stimulant de la lutte. Les combattants de Varsovie ont engagé un assaut pour lutter avec d’autres contre le fascisme hitlérien.
C’était un combat acharné, difficile mais pas un affrontement désespéré. C’était au contraire une des plus belles pages de la lutte des peuples contre la barbarie hitlérienne.
Précisément, deux jours après l’attaque antinazie de Varsovie avait lieu en France une réunion clandestine pour créer l’Union des juifs pour la résistance et l’entraide, regroupement de différentes organisations issues de la section juive de la Main d’Oeuvre Immigrée du PCF. Cette UJRE se donnait pour tâche de conduire par tous les moyens (idéologiques et militaires) la lutte des Juifs contre les envahisseurs nazis. Parmi les premières tâches accomplies devait justement figurer l’exaltation de la lutte des juifs de Varsovie grâce à des journaux, en fait de simples feuilles recto-verso ronéotées, que les militants glissaient sous les portes des familles juives au péril de leur vie.
Par exemple, dans un tract en yiddish, daté de mai 1943, on peut lire:
« Le soulèvement des Juifs de Varsovie s’inscrit dans les traditions héroïques de notre peuple, il est marqué du sceau de l’esprit des Maccabées, de Bar-Kochba, ce même esprit qui anime des centaines de milliers de Juifs dans les rangs de l’armée rouge et des groupes de partisans dans les pays sous le joug hitlérien. Les Juifs de Varsovie se sont placés à la hauteur des communards parisiens et leur combat couronnera l’histoire de notre peuple, qui vit et vivra.»
C’est cette immense envie de vivre qui anime, encore aujourd’hui, l’existence de l’UJRE.Darmanin contre la LDH : l’enjeu
Darmanin contre la LDH : l’enjeu
Mercredi 5 avril, le ministre de l’Intérieur, s’adressant successivement aux deux chambres parlementaires, n’a pas hésité, contre toute vérité, à affirmer l’absence d’incidents majeurs depuis trois ans dans son domaine de compétence. Il a mis en avant une légitimité de l’usage de la contrainte donnée par le droit aux forces de l’ordre. Mais il s’est refusé à assumer que ceci les contraignait à d’autant plus de devoirs. Lorsque des députés en rappelaient la nécessité, il est allé jusqu’à parler de «terrorisme intellectuel», alors même que des réactions internationales s’émeuvent d’un «usage excessif de la force en France».
De plus, Gérald Darmanin s’en est pris à «une ultra gauche» qui aurait «infiltré le mouvement social» alors qu’une interrogation critique amène à présumer que cet extrémisme pourrait, parmi d’autres hypothèses, être un produit de l’activité policière destiné à déconsidérer le mouvement social.
C’est dans ce contexte que le ministre a, contre toute évidence, qualifié de «fake news» les enregistrements de l’action des gendarmes à Sainte-Soline réalisés par la Ligue des droits de l’homme, qui démontrent le blocage, par les gendarmes, de la circulation du SAMU venant au secours des blessés. Le ministre est même allé jusqu’à mettre en cause la subvention reçue par la LDH.
L’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE) condamne fermement cette attaque contre une organisation amie car elle rappelle que la Ligue des droits de l’homme est une association de défense des droits humains se donnant pour objectif d’observer, défendre et promouvoir les droits de l’homme au sein de la République française, dans toutes les sphères de la vie publique.
Elle est née dans le sillage de l’Affaire Dreyfus et agit pour le respect des droits fondamentaux rassemblés dans les déclarations des droits de l’homme de 1789, 1793 et dans la déclaration universelle de 1948.
L’UJRE considère qu’à travers cette attaque contre la LDH, il ne s’agit pas d’une simple dérive due au manque de lucidité du ministre, mais plutôt de l’un des aspects d’une stratégie consciente et conduite avec fermeté par le pouvoir en place, qui consiste à organiser la concurrence entre elles de toutes les forces de travail, pour en minimiser le coût, tout en épuisant les ressources naturelles dont on abandonne toute protection, en vue de poursuivre l’accumulation du capital financier. Tous les obstacles sur le chemin de cet objectif, notamment les organisations syndicales, celles de défense des droits humains et de la nature doivent être éliminés et, si besoin, réprimés violemment.
Pour participer au combat contre une telle stratégie et contribuer à la lutte pour la priorité donnée à l’humain, l’UJRE, fidèle à ses engagements tenus depuis 80 ans, se tiendra aux côtés de la Ligue des droits de l’homme pour lui permettre de poursuivre ses activités quelles qu’en soient les conditions.
UJRE, 11 Avril 2023