Cécile Rol-Tanguy, grande figure de la Résistance, nous a quittés le 8 mai 2020
Le Comité parisien de la Libération (COPIL), dont l’UJRE est membre, nous informe du décès de Cécile Rol Tanguy survenu ce 8 mai alors que nous célébrions tous le 75ème anniversaire de la victoire sur le nazisme. Nous reproduisons ci-dessous le communiqué de la famille que nous avons reçu à cette occasion et qui retrace la longue vie de résistance et de lutte qu’elle mena aux côtés de Henri Rol-Tanguy, chef des FFI d’Île de France. Elle l’avait rencontré alors que tous deux participaient à la campagne de solidarité avec l’Espagne républicaine. Ils étaient ensemble au poste de commandement de Rol, place Denfert-Rochereau, pendant les combats de la libération de Paris. C’est elle qui dactylographia l’appel à l’insurrection : Tous aux barricades !
L’UJRE adresse ses condoléances à la famille de Cécile et à tous ses proches.
La famille Rol-Tanguy communique:
Née Cécile LE BIHAN le 10 avril 1919, elle était la fille unique de François LE BIHAN, ouvrier électricien, militant du Parti Communiste Français depuis sa création en 1920 et dirigeant syndical de la CGT, déporté-résistant mort à Auschwitz en 1943 et de Germaine JAGANET, femme au foyer et résistante, elle aussi. L’engagement de Cécile ROL-TANGUY date de 1936, du Front Populaire et de la guerre d’Espagne.
C’est au Syndicat des Métaux CGT de Paris, où elle est employée, qu’elle rencontre Henri TANGUY, dirigeant des métallos parisiens, combattant volontaire dans les Brigades Internationales aux côtés de la République espagnole attaquée par Franco. Ils se marient en 1939, juste avant la guerre durant laquelle il est mobilisé en première ligne.
Dès la fin juin 1940, alors qu’elle vient de perdre leur premier enfant, Françoise, le jour de l’entrée de la Wehrmacht dans Paris, elle rejoint ce qui deviendra la Résistance. Elle tape des tracts, des journaux syndicaux et autres documents illégaux de la CGT interdite et travaille pour les avocats communistes qui défendent les premiers emprisonnés du régime de Vichy.
Le 18 août 1940, elle accueille Henri TANGUY à Paris, tout juste démobilisé. Le jour même, elle le met en contact avec les cadres clandestins de la CGT. Quatre ans plus tard, jour pour jour, elle tapera l’ordre de l’insurrection parisienne que son mari – devenu le colonel ROL, Chef militaire régional des FFI de l’Ile de France – lui dictera à l’aube de la semaine insurrectionnelle victorieuse de la capitale.
Entretemps, le couple a plongé dans la clandestinité dès octobre 1940. Elle vivra alors, aux côtés de son époux dont elle est l’agent de liaison, la vie clandestine des résistants. Elle donnera aussi le jour – en mai 1941 et novembre 1943 – à deux enfants, Hélène et Jean.
Elle participera à la semaine insurrectionnelle de Paris du 19 au 26 août 1944, au cœur de la décision et de l’action, dans le PC souterrain du Colonel ROL, sous la place Denfert-Rochereau. Elle sera la seule femme présente quand le Général De Gaulle recevra l’État-Major des FFI d’Île-de-France, le 26 août 1944 à l’Hôtel de Ville. Cécile et Henri Rol-Tanguy, avec Lucie et Raymond Aubrac, resteront comme les deux couples symboles de la Résistance intérieure française. Après-guerre, elle donnera naissance à deux autres enfants, Claire (1946) et Francis (1953) et demeurera l’indispensable collaboratrice de son mari.
Jusqu’à son dernier souffle, Cécile ROL-TANGUY témoignera de sa fidélité à l’utopie généreuse du communisme, à ses engagements de jeunesse pour la justice sociale et l’émancipation des femmes.
À la suite de son mari, décédé en 2002, Cécile était également Présidente de l’ANACR (Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance) et Présidente d’Honneur de l’ACER/AVER (Amis des Combattants en Espagne Républicaine / Amicale des Volontaires en Espagne Républicaine). Jusqu’en 2014, elle animera régulièrement des échanges sur la Résistance avec des collégiens et lycéens. Enfin, en août 2019, elle assistera aux cérémonies du 75 e anniversaire de la Libération de Paris.
Monteaux, le 8 mai 2020