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Quand Jean-Luc Mélenchon utilise l'antisémitisme

Dans une déclaration publiée sur le réseau social « Facebook », le principal responsable de « La France insoumise » s’est livré à un commentaire de la défaite du parti travailliste aux récentes élections qui ont eu lieu au Royaume-Uni.

Ces propos sont inacceptables et condamnés par l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE).

Qu’on en juge. Jean-Luc Mélenchon explique que Corbyn « a dû subir sans secours la grossière accusation d’antisémitisme à travers le grand rabbin d’Angleterre et les divers réseaux d’influence du Likoud ». Il ajoute : « Au lieu de riposter, il a passé son temps à s’excuser et à donner des gages. Dans les deux cas, il a affiché une faiblesse qui a inquiété les secteurs populaires ». Puis, il déclare: « Retraite à points, Europe allemande et néolibérale, capitalisme vert, génuflexion devant les ukases arrogants des communautaristes du Crif : c’est non ».

En fait, Jeremy Corbyn, leader de la gauche britannique, a lors de sa campagne électorale présenté des excuses à propos de faits antisémites s’étant produits dans le parti travailliste. Or, deux données antérieures aux élections britanniques sont de notoriété publique à propos de ces manifestations d’antisémitisme : d’une part, leur matérialité, attestée de l’intérieur même du parti travailliste, d’autre part, la lenteur mise à les sanctionner et encore, de manière partielle.

Néanmoins Jean-Luc Mélenchon, de façon odieuse, reproche à Jeremy Corbyn d’avoir présenté des excuses concernant ces faits antisémites, qui pour le moins étaient le geste minimal tout à fait justifié. De plus, Jean-Luc Mélenchon prête à des britanniques juifs et à leurs institutions, la capacité à provoquer la défaite du parti travailliste, reprenant ainsi à son compte la vieille légende antisémite et complotiste des Juifs disposant de pouvoirs spécifiques leur permettant de manipuler les affaires du monde. C’est cette même légende qu’il réactive lorsqu’il prête l’intention, par avance, à des Français juifs et à leurs institutions, de vouloir le soumettre, lui et son mouvement, à leurs volontés.

Certes, le Likoud et le Crif ont adopté des positions politiques et des pratiques auxquelles l’UJRE s’est opposée et s’oppose encore. Mais les propos de Jean-Luc Mélenchon, qui tracent une identité entre ces institutions et selon ses propres termes, la retraite à points, l’« Europe allemande et néolibérale » et le « capitalisme vert », cherchent à réunir, dans la plus totale confusion, un bouquet de véhicules de haines qui ouvre la porte notamment à l’antisémitisme.

Jean-Luc Mélenchon avait déjà expliqué, par le passé, qu’il récusait son appartenance à la gauche. Il préfère, opposé qu’il est à tous les rassemblements de la gauche, prendre le parti du peuple contre une vague « élite », dangereusement indéfinie car elle peut réunir tous les objets de haine, y compris les juifs aujourd’hui, et demain, quelle autre population minoritaire ? On sait maintenant qu’il est prêt à utiliser, renouveler et propager, parmi d’autres, les pires préjugés antisémites fréquemment agités dans l’histoire contemporaine par l’extrême droite.

Paris, le 17 décembre 2019